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  • Photo du rédacteurLise Quenette

La société et mes TCA : Partie 2

Récapitulatif de la partie 1


Dans le premier article, j'évoquais l'impact de l'Indice de Masse Corporel (IMC) dans le développement de mes Troubles du Comportement Alimentaire (TCA). Je vous parlais des conséquences de cet indice ainsi que les solutions que j'ai pu mettre en place pour les surmonter. Tu y trouveras également la parole d'un professionnel de santé.


Manger, ça se mérite


Cette idéologie persiste...de nombreuses personnes pensent encore à tord que manger est une récompense après une activité physique. Alors qu'on soit clair, une bonne fois pour toute : manger est avant tout un besoin vital et peut/doit également être un plaisir.

En grandissant, j'ai trop entendu ou me suis dite des phrases de ce type :

  • Si je mange un gâteau, je dois faire du sport pour l'éliminer

  • Si j'ai fait une bonne séance de sport, je vais pouvoir me resservir au diner

  • Si je ne vais pas au sport cette semaine, je dois faire attention à mon alimentation, ne pas faire "d'excès"

Un jour, j'en ai eu marre et j'ai enfin dit NON. Après des années de souffrances et de luttes intérieurs, j'ai compris que ces croyances limitantes sont totalement fausses. J'ai compris que ce n'était pas une fatalité et qu'il était tout à fait possible de m'en défaire. D'envoyer tout valser !


Conséquences & solutions


Cette idéologie a causé plusieurs tords dans mon quotidien. Elle a influencé mon rapport à la nourriture et au sport. J'en sors à peine aujourd'hui...


La première : La privation de nourriture

Mon premier souvenir remonte à mes 5-6 ans. Un matin, j'ai refusé que ma maman me mettre du beurre sur mes tartines au petit déjeuner. "C'était trop gras pour moi". En menant son enquête, ma mère s'est rendue compte que ma professeure de danse classique nous avait expliqué ça.. que bêtement, enfin, comme une enfant de 5 ans, j'ai cru ce qu'elle m'a dit. Ma mère a du insisté pour que j'ai de nouveau envie d'en prendre. Tu vois où je veux en venir ? Aussi jeune, mon rapport à la nourriture n'était pas bon. C'est grave et oui, j'en veux à cette dame, à la société. On inculque de fausses croyances aux enfants qui deviennent totalement formatés et grandissent avec cela.


C'est à l'adolescence que ma relation à la nourriture s'est dégradée. Dans un premier temps, au collège.. En seconde, ça s'est dégradé et j'ai sombré début première. À cette époque, je faisais 3 à 4 cours de danse classique par semaine (d'environ 1h30 - 2h) et j'ai arrêté de manger. C'est simple j'avalais par jour 1 pomme ou 1 pompote seulement. Le soir, une fois chez moi, je mangeais le moins possible du repas. J'ai essayé de me faire vomir plusieurs fois, je n'ai jamais réussi, ou jamais eu le courage je ne sais pas ? Malheureusement, le corps s'habitue très vite. Sais-tu pourquoi ? Pour se protéger. Alors au bout de quelques jours, semaines, je ne ressentais plus la faim. En moins d'un mois à peine, j'ai perdu 8 kilos.. j'ai fondu. Je suis tombée à 56 kilos pour 1m75... Je faisais 4 à 6 malaises vagales par semaine. Hormis mes ami(e)s et mon petit copain de l'époque, personne ne savait. J'étais dangereuse pour moi-même. J'aurais pu descendre plus bas et j'étais partie pour mais mon petit copain a réagi comme il le pouvait. Un jour, après un énième malaise, il m'a emmené à l'infirmerie du lycée (plus ou moins de force) alors que je l'avais interdit de le faire. Je m'en rappelle comme ci c'était hier. Il ne le savait pas mais ce jour-là, il m'a sauvé. L'infirmière a menacé de prévenir mes parents si je descendais encore en dessous de 56 kilos. Mon copain a d'ailleurs confirmé en disant qu'il ferait de même, qu'il me quitterait. Aujourd'hui, je suis adulte, je sais que ce n'est pas la bonne méthode ce type de menace. Pourtant, presque deux ans après cet événement je l'ai remercié... il avait seulement 16 ans, on était que des gamins. Parfois, il y a des gens qui sont là dans votre vie au bon moment, au bon endroit.


Pourquoi je vous raconte tout ça ? C'est intime après tout mais c'est essentiel. Inculquer que la nourriture est une récompense conduit souvent à des excès, dangereux, ici la privation de nourriture. Il ne faut pas le prendre à la légère et j'espère que mon témoignage pour en aider certains. Même si vous n'avez jamais subi cela, vous avez forcément été un jour en contact avec quelqu'un qui l'était... que vous en soyez conscients ou non, vos paroles ont peut-être déjà causé du tord. J'ai moi-même du accepter que j'avais également fait du mal.. en transmettant aux autres mon propre mal-être.


Ma solution : Apprendre que la faim est un besoin naturel et que je suis légitime de manger

Je n'ai aucun taboo à le dire mais cela m'a pris plus de dix ans. Depuis quelques mois à peine, je n'ai plus de problème de privation de nourriture. Comme tout le monde, j'ai des hauts et des bas.. parfois je suis triste et je mange plus ou moins. En revanche, ce n'est jamais conscient avant ça l'était. Je sautais volontairement un repas, ou supprimer certains aliments de mon alimentation. Ça s'est fait en 3 étapes :

  • En arrêtant d'écouter les autres, j'ai compris que la faim est naturelle.

  • Avec le développement personnel, j'ai compris que j'étais légitime de manger.

  • Avec la thérapie, j'ai accepté que j'étais capable de ne plus me priver, capable d'être pleinement moi.


La deuxième : Les extrêmes dans l'activité physique - trop ou rien

Pendant cette sombre période au lycée, j'ai également fait du sport de manière intensive. Beaucoup pense que la danse classique n'est pas un sport, qu'on ne se dépense pas... je peux vous assurer qu'à presque 8 heures de cours par semaine, je voyais la différence sur mon corps. Je ne vous parle pas des nombreuses fois où j'ai suivi un cours, affamée ou à finir en malaise. Insomniaque pendant des mois, je cherchais des occupations la nuit pour éviter au maximum de me faire du mal. J'ai commencé un cercle vicieux à faire du sport la nuit : abdos, planche, souplesse et divers exercices de renforcement. Personne n'a jamais rien su... hormis mon corps. Quand j'y repense, je me demande comment il a tenu. Le corps est vraiment incroyable. Je ne mangeais pas, je dormais très peu et je me tuais au sport (en autre). J'aimais ce corps, je le trouvais beau, élégant et désirable.


Une fois que j'ai réussi à sortir la tête de l'eau, j'ai eu peur. Peur de reprendre le sport, que ça redevienne une excuse. Cette peur m'a tétanisé pendant de nombreuses années. Ensuite, j'ai repris du poids.. ces fameux 8 kilos + 12 autres... mes proches n'ont pas compris et m'ont encouragé à reprendre le sport pour ma santé et être moins "enveloppée" : dans mon poids de forme. Je n'ai écouté personne, car j'avais peur de ce tourbillon et je ne voulais pas leur donner raison. Je voulais que ce soit ma décision. À ce moment, j'étais encore trop mal informée pour faire appel à un thérapeute spécialisé, pour m'aider à franchir le cap, à guérir.


Ma solution : Retrouver un équilibre en déconstruisant le réel apport du sport


J'ai écrit tout un article à ce propos alors je ne rentrerais pas dans le détail ici. Je t'invite à le lire, tu comprendras mieux comment je me suis remise au sport. J'ai du apprendre à retrouver cet équilibre, à faire une activité physique pour mon bien-être et par ma volonté.


Depuis cet article, j'ai fait une petite pause.. mes genoux ne suivent plus.. les examens que j'ai fait en mai 2022, n'ont pas été concluant : "vous n'avez rien madame". Pourtant "madame", j'ai constamment mal. J'étais en colère et j'ai mis le sport de côté. Aujourd'hui, je m'y remets petit à petit. Tu comprendras par toi même que c'est encore un sujet épineux...


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